Le “sade sati” de Saturne

[31 octobre 2012 - V.K. Choudhry]
Le sade sati de Saturne est l’un des principes fondamentaux de la théorie traditionnelle des transits dans l’astrologie indienne. Il fait référence au temps que met Saturne pour transiter trois signes précis du zodiaque sidéral : le douzième signe compté de celui qu’occupe la Lune dans le thème natal, le signe occupé par cette même Lune et le signe suivant dans l’ordre des signes du zodiaque. Comme il faut approximativement deux ans et demi à Saturne pour parcourir un signe, la période du sade sati s’étend donc en gros sur sept années et demie.

La théorie traditionnelle affirme que si Saturne est en mauvaise posture dans le thème natal, le natif ne connaîtra qu’infortunes et grandes souffrances pendant tout le sade sati de Saturne, les puissants aspects par trigone qu’un Jupiter bénéfique se retrouverait à lancer à Saturne pouvant cependant grandement restreindre celles-ci. La théorie veut aussi que les natifs qui voient le signe occupé par leur Lune natale être gouverné par Vénus ou par Saturne soient totalement libres des effets du sade sati de Saturne, pourvu que Saturne natal soit puissant.

Mais cette théorie traditionnelle ne résiste pas à une analyse systémique.

Aussi le Système Choudhy ne peut-il accepter toute définition logique de la nature accidentelle d’une planète qu’en établissant cette nature que sur le seul signe ascendant. Il en résulte que Saturne a une nature accidentelle bénéfique pour la majorité des ascendants (ascendants Bélier, Taureau, Gémeaux, Lion, Balance, Scorpion, Capricorne et Verseau) et n’a une nature accidentelle maléfique que pour les ascendants Cancer, Vierge et Poissons. Ainsi la grande période de souffrances apportée par le sade sati de Saturne ne devrait concerner que les ascendants Cancer, les ascendants Vierge et les ascendants Poissons.

Qui plus est, quand Saturne est détenteur d’une nature bénéfique son transit en une maison bénéfique, telles les maisons I et II, ne peut aucunement nuire. Seuls ses transits en une maison maléfique, à savoir les maisons VI, VIII et XII comptées du signe ascendant, conduisent la planète à ne plus pouvoir promouvoir, assurer ni défendre, ses attributs propres et ses significations acquises. Quand Saturne transite la maison VI, le natif devient vulnérable ; des litiges relatifs aux attributs et significations de Saturne se développent, des troubles de santé relevant de la maison maîtrisée par Saturne apparaissent. Quand Saturne transite la maison VIII, une lourde inertie et de puissants empêchements sont présents ; des pertes en lien avec les attributs et significations de Saturne s’imposent. Quand Saturne transite la maison XII, des problèmes lors de longs déplacements ou concernant des échanges avec des lieux distants ou des pays étrangers se font jour ; les dépenses imprévues augmentent et une hospitalisation est possible ; si le Soleil natal est par ailleurs affligé par Rahu, des problèmes avec la loi surgissent. L’intensité de tous ces possibles effets demeure toujours tempérée ou exacerbée selon la sous-période planétaire alors en cours sur le thème natal et selon les puissances planétaires de transit.

Quand par contre Saturne est porteur d’une nature accidentellement maléfique, dommages et préjudices peuvent survenir lors de son transit en n’importe laquelle des douze maisons, du moment qu’il est entré en conjonction étroite avec la cuspide de la maison ou en contact étroit avec une quelconque planète du thème natal. Au cours des sept années et demie pendant lesquelles Saturne maléfique transite les maisons XII, I et II, comptées du signe ascendant, il est amené à affliger successivement trois cuspides par conjonction. Lors du transit étroit de Saturne sur la cuspide de la maison XII, la tranquillité est nettement perturbée, les dépenses enflent, statut et réputation sont mis à mal, conflits, polémiques et revers de fortune sont présents. Lors du transit étroit de Saturne sur la cuspide de la maison I, des problèmes sérieux sont engendrés par des catastrophes naturelles ou des troubles sociaux, les collègues ou associés deviennent hostiles, les entreprises et l’activité professionnelle connaissent de longs ralentissements. Lors du transit étroit de Saturne sur la cuspide de la maison II, les relations deviennent disharmonieuses, statut et ressources sont menacées, les revenus diminuent, l’esprit est constamment agité. Hormis ces moments de conjonction étroite aux cuspides et d’aspects étroits à une planète natale, le reste de ces sept années et demie se déroule selon les tendances indiquées par les maîtres de période et de sous-périodes en jeu, selon l’ensemble des transits des autres planètes et en accord avec les puissances des maîtres de sous-périodes concernées.

Pour le Système Choudhry, tout transit d’une planète, qu’il s’agisse de Saturne ou de n’importe quelle autre planète, est toujours analysé selon le principe des transits ternaires.